L'aménagement paysager repensé 

Par Camille Dufresne

Au premier coup d’œil, il est pour le moins difficile de reconnaître le potentiel de notre arrière-cour pour accueillir les oiseaux. Peut importe son terrain, il faut d’abord évaluer la composition du décor qui nous entoure en prenant en considération les besoins essentiels des oiseaux. Ont-ils accès à des lieux sécuritaires où se réfugier à l’abri des prédateurs et des intempéries? Trouvent-ils une nourriture adéquate et variée et des sites potentiels de nidification?

Pour s’établir dans notre jardin, les oiseaux doivent y trouver de bonnes conditions pour leur nichée, mais aussi pour assurer leur survie en toute saison. Dans un premier temps, il faut considérer chaque secteur de votre propriété d’un œil averti. Vous pourrez ensuite choisir parmi les actions spécifiques suggérées, en tenant compte des besoins des oiseaux.

L'aménagement paysager repensé
© Camille Dufresne

La façade

La façade d’une propriété attire le regard par son originalité et son style. Pour qu’un aménagement paysager soit réussi, il doit être harmonieux et mettre en valeur les attraits du terrain tout en soulignant la personnalité des occupants.

Pour le propriétaire, dont la préoccupation est d’attirer les oiseaux, il est important d’opter pour des variétés de végétaux qui portent des fruits ou des graines comestibles. Réputés pour leur généreuse floraison, leur feuillage et leurs fruits colorés, les pommetiers et les cerisiers décoratifs en sont des exemples. Ils créent un effet saisissant placés en façade. Ils seront de plus très populaires auprès de la gent ailée, s’ils portent des fruits persistants, de petite taille. Le Durbec des sapins, le Jaseur boréal et le Merle d’Amérique seront de fidèles visiteurs au cours de l’hiver et iront jusqu’à vider totalement les arbres de leurs fruits.

À découvrir

  • Pommetier ‘Sweet Sugar Tyme’TM. Cultivar nain (3m), fleurs parfumées, nombreux petits fruits rouges persistants.
  • Pommetier ‘Harvest Gold’TM. (5m), floraison blanche, petits fruits jaunes éclatants, persistants.
  • Amélanchier du Canada (indigène). (3m), floraison blanche au début mai. Haute valeur écologique pour ses fleurs nectarifères et ses petits fruits rouges.
La façade
© Camille Dufresne

D’autres fruitiers, qui se démarquent par leur exubérance de fruits, agiront comme un panneau réclame annonçant « le buffet » offert dans votre jardin.

À découvrir

  • Aubépine anglaise ‘Crimson Cloud’. (5m), fleurs rouges au centre blanc parfumées, petits fruits rouges persistants, branches épineuses.
  • Sureau noir ‘Black Lace’ TM. (1,5m), feuillage pourpre presque noir, dentelé, fleurs parfumées rosées, petits fruits rouges foncés.
  • Cerisier de Virginie (indigène). (7m), fruits rouge pourpre de juillet à septembre.

De nombreuses variétés sur le marché attirent le regard par leur silhouette inusitée. Les arbres pleureurs ou greffés entre autres sont souvent choisis comme arbre vedette. On peut choisir de préférence des conifères qui portent de petits cônes, dont les graines sont faciles à extirper. Ils attireront le Sizerin flammé, les Sittelles à poitrine rousse et à poitrine blanche et la Mésange à tête noire.

À découvrir

  • Le Mélèze d’Europe pleureur. (0,6 à 2m), feuillage délicat et vaporeux, jaune vif à l’automne avant que les aiguilles tombent en hiver, nombreux petits cônes.
La façade - partie 2
Pommetier ‘Harvest Gold’TM, © Camille Dufresne
Les plates-bandes
Plates-bandes, © Camille Dufresne

Les plates-bandes

L’aménagement de plates-bandes sur la propriété vient harmoniser les différents espaces et ajouter couleurs et exubérance au jardin. Vivaces et annuelles ornementales se déclinent en plusieurs cultivars tous plus attrayants les uns que les autres. Des fleurs indigènes sont aussi disponibles sur le marché. Les oiseaux, de même que les papillons et autres insectes pollinisateurs démontrent une préférence pour les fleurs produisant du nectar ou des graines comestibles.

À découvrir

  • Valériane rouge ‘Atrococcineus’. (0,7m), vivace, fleurs rouge vif très voyantes, floraison qui se prolonge de juin à septembre.
  • Eupatoire rugueuse ‘Chocolate’. (1,2m), vivace, feuillage pourpre chocolaté, nombreuses fleurs blanches, vaporeuses.
  • Verveine hastée (indigène). (1,20m), nombreux épis de fleurs minuscules mauves. Graines recherchées par les tarins et chardonnerets. Se ressème facilement.
  • Monarde fistuleuse (indigène). (0,9m), très bonne source de nectar pour les colibris et une variété d’insectes. Floraison abondante de couleur rose, de juin à août.
Les plates-bandes - partie 2

Haut, de g. à dr.: Monarde fistuleuse, Rudbeckie laciniée. Bas, de g. à dr.: Hélénie d'automne, Verveine hastée. © Camille Dufresne

D’autres espèces de la faune ailée comme le Chardonneret jaune, le Sizerin flammé, le Junco ardoisé, le Cardinal rouge et la Mésange à tête noire seront des visiteurs assidus s’ils trouvent des plantes qui produisent de petites graines portées sur des hampes florales rigides, plus accessibles.

À découvrir

  • Marguerite ‘Lacrosse’. (35cm), vivace, pétales blancs en forme de tubes enroulés à la base, floraison tout l’été.
  • Échinacée pourpre ‘PowWow TM Wild Berry’. (60cm), vivace, grosses fleurs rose intense, floraison d’août à septembre.
  • Hélénie d’automne (indigène). (1,2m), floraison à la fin de l’été jusqu’au gel. Nombreuses graines sur des tiges rigides qui demeurent disponibles tard à l’automne.
  • Rudbeckie laciniée (indigène). (1,5m), floraison tardive, croissance vigoureuse et nombreuses graines appréciées des chardonnerets.

Les haies

Les haies occupent plusieurs fonctions dans un aménagement. Elles peuvent délimiter un terrain, ou des espaces de vie, assurer une certaine intimité ou garder à distance les animaux indésirables.

Composée de conifères ou de feuillus, la haie présente des atouts importants pour les oiseaux. En hiver, ils apprécient la végétation dense des conifères qui leur offre un abri sûr contre les prédateurs et les intempéries. Une haie permet aussi aux oiseaux de circuler d’un point à l’autre en toute quiétude. Quelques espèces peuvent y établir leur nid. Les buissons épineux, inaccessibles aux prédateurs, sont particulièrement appréciés. Les fruits sont aussi consommés par le Junco ardoisé, les Jaseurs d’Amérique et boréal, le Merle d’Amérique, le Moqueur polyglotte, la Mésange à tête noire, surtout en période de disette.

Plusieurs espèces d’arbustes peuvent convenir à la formation d’une haie dans un aménagement paysager. Il faut s’assurer de planter des arbustes dont la production de fruits est étalée dans le temps et d’autres qui possèdent des fruits persistants. Les oiseaux les recherchent surtout en hiver car le gel les rend plus sucrés.

Les haies sont idéales comme abris pour les nids. Parmi les arbustes intéressants, plusieurs possèdent des branches épineuses qui protègent le nid du Moqueur chat, du Moqueur roux, du Tyran tritri et du Cardinal à poitrine rose.

À découvrir

  • Argousier faux-nerprun. (2-9m), fruits persistants, très bon abri, épines nombreuses.
  • Houx verticillé (indigène). (2m), fruits, rouges persistants, idéal pour les terrains humides.
Les haies
Haie de graminées et de saules, © Camille Dufresne
Les massifs
Massif, © Camille Dufresne

Les massifs

Aménager des massifs peut avoir une grande influence sur l’ambiance au jardin.

Leur présence peut créer un microclimat idéal pour la faune ailée. Le Cardinal rouge, le Moqueur chat, le Bruant chanteur peuvent s’y réfugier bien à l’abri des prédateurs et même y faire leur nid.

Pour créer un attrait irrésistible, on privilégie des arbres et des arbustes de taille différente, d’allure plus informelle, aux lignes courbes qui se rapprochent le plus de bosquets en milieu naturel. Les conifères sont utiles aux oiseaux toute l’année. Certains portent un feuillage dense, et même épineux et produisent une grande quantité de cônes.

À découvrir

  • Amélanchier à grandes fleurs. Plusieurs variétés, floraison hâtive, petits fruits pourpres, feuillage coloré à l’automne.
  • Chêne ’Crimson Spire’. (15m), port colonnaire étroit intéressant pour les petits jardins, coloration automnale rouge foncé, conserve ses feuilles desséchées tout l’hiver.
  • Épinette blanche ‘Densata’. (12-15m), très résistante, port compact, aiguilles vert bleuté, odorantes, nombreux cônes brun pâle.
  • Viorne trilobée (indigène). (2-4m), grappes de fruits rouge vif persistants

Les espaces gazonnés

Les espaces gazonnés mettent la propriété en valeur. Malheureusement, entretenir une pelouse parfaite demande des soins assidus et surtout l’utilisation éventuelle de pesticides. Pourquoi ne pas encourager la biodiversité dans sa cour et tolérer un certain nombre de « mauvaises herbes »!

Souvent ce sont de jolies fleurs sauvages qui supportent une tonte régulière. La Renoncule rampante, la Houstonie bleue, la Prunelle vulgaire, la menthe, le myosotis et le trèfle peuvent créer un pré fleuri où l’entretien est réduit au minimum. Ils favorisent la venue de plusieurs espèces d’oiseaux insectivores qui se nourrissent dans la pelouse comme le Merle d’Amérique, le Pic flamboyant, les Bruants chanteur, familier, à gorge blanche, le Moucherolle phébi, le Merlebleu de l’Est et le Troglodyte familier. Certaines exercent une attraction irrésistible sur les papillons et les colibris.

Les espaces gazonnés
Pré fleuri, © Camille Dufresne
Les balcons
Boîtes à fleurs, © Camille Dufresne

Les balcons

Entretenir un jardin sur un balcon ou une véranda exige des soins assidus. Il faut d’abord sélectionner des variétés adaptées à la culture en contenants. Un aménagement peut se composer de fleurs annuelles qui sont installées dans des boîtes sur le pourtour du balcon pour optimiser l’espace. Ces contenants ainsi que les paniers suspendus remplis de fleurs attireront les colibris et les insectes pollinisateurs dont de nombreux papillons. Capucines, zinnias, héliotropes et cosmos se déclinent en plusieurs variétés adaptées à la culture en contenants.

À découvrir
  • Fuschia ‘Swing’. Variété naine, se ramifie sans pinçage.
  • Nicotine ‘Merlin’. Donne un plant compact et florifère.
  • Sauge ‘Splendens’. Fleurit rapidement.

Les murs peuvent aussi être recouverts de treillis où sont fixés des bacs dans lesquels poussent des végétaux grimpants annuels.

À découvrir
  • Cardinal grimpant. Abondante floraison, de petites fleurs rouges tubulaires.
  • Haricot d’Espagne. Croît rapidement, fleurs écarlates.

Peu importe la grandeur de la véranda ou du balcon, ces aménagements attireront une faune ailée qui y trouvera un havre fleuri pour se nourrir et s’abriter. N’oubliez pas cependant qu’en ville, la réglementation municipale peut parfois réserver des surprises. Assurez-vous de prendre toutes les informations avant de démarrer un aménagement.

Quelques conseils

  • Une fois l’aménagement établi, un certain contrôle doit être exercé sur les variétés exubérantes qui peuvent rapidement prendre le dessus et nuire aux autres plantes.
  • Si une plante se ressème facilement, ou si de nouvelles espèces s’établissent spontanément, il faut apprendre à les reconnaître à partir des premières feuilles. On peut ainsi effectuer une sélection pour contrôler ou augmenter la diversité dans la plate-bande.
  • À l’automne, ne pas « nettoyer » l’aménagement afin de permettre à certaines espèces de se ressemer, et aux oiseaux de profiter de cette manne qui peut fournir graines et larves d’insectes durant l’hiver.
  • Renoncer à l’usage de pesticides. Un milieu diversifié hébergera une abondance d’insectes prédateurs et d’ennemis naturels qui contrôleront efficacement les populations de ravageurs.

En savoir plus

Plusieurs articles sur l'aménagement paysager ont été publiés dans la chronique de Camille Dufresne « Côté cour, côté jardin », disponible en ligne aux abonnés du magazine QuébecOiseaux. En voici quelques-uns : 

Autres ressources